Quelques années auparavant … Lorsque, tout droit échappé de mon île natale tel un fugitif, je découvrais la mécanique du monde extérieur, avec encore l’adage d’un simple vagabond …

Ce n’étaient certainement pas mes premiers pas à l’extérieur mais cette sensation de nouveauté étrangère ne cessait de revenir, notamment grâce aux destinations hétéroclites parsemant les mers et les océans. Chaque pas, chaque escapade débouchait sur une explosion de saveurs, de senteurs et autres dégustations inconnues, tant notre communauté se préservait de tout contact étranger, quand pour les autres, cela paraissait commun voir banal. Mes seuls guides résidaient en ces navires marchands, assimilables à des livres de savoirs de par la diversité des passagers et dont les explications dessinaient une carte géante des lieux devant mes yeux. Ce fut d’ailleurs grâce à cette habitude que je décidai de mettre pied sur cette île où l’on portait attention aux produits et savoirs « exotiques », surement pour de riches hauts placés.

Tentative numéro une : La brasserie des nuages flottants !

Mon entrée s’avéra discrète, bien plus qu’à l’accoutumé, en regard de la réputation de l’enseigne privilégiant le calme et la sérénité. Ces deux notions se laissaient rapidement appréhender une fois posé silencieusement sur l’une des nombreuses tables, avec pour seules compagnies le frottement de la plume sur le papier granuleux et les murmures des clients concentrés dans des lectures passionnées. Je me délectais impétueusement de cette ambiance ô combien plaisante, d’une gente portée davantage sur la culture et l’esprit que la guerre et la politique, plongée dans la douceur de divers tabacs parfumés. Mes yeux  parcouraient lentement la salle, examinant minutieusement les cibles potentielles d’une affaire prémédité, de sorte à choisir le mélange parfait. Un talent ? Une chance de briller ? Presque. Il me fallait un investisseur, même modeste, afin de véritablement évoluer à travers le système.

*Hmm … Là, voilà … Un peu de cela, une poignée de ceci … Plus qu’à laisser agir, tranquillement.*

Subtilement, mes pupilles allèrent rencontrer brièvement ceux aux alentours comme pour les attirer peu à peu, pendant la préparation de la marchandise à vendre étape par étape. Au cœur d’un cendrier encore vide, j’installais délicatement les feuilles issues de plantes sauvages, avant d’y ajouter une poignée de deux poudres différentes, l’ensemble savamment écrasé. Puis, la touche finale ; Une magnifique braise dont la chaleur accorda l’ascension de la fumée de l’encens naturel fabriqué devant eux, sans grand artifice. Juste des ingrédients propres à cet esprit shamanique. Il ne restait plus qu’à prendre un livre et se détendre … Chose aisée, via l’odeur attrayante du produit et sa capacité relaxante après de légères inhalations. Je les voyais déjà se retourner par curiosité, prêts à s’approcher de moi et m’aborder avec politesse … Mais soudain, l’attention générale vira de bord vers des soldats de la marine pénétrant dans la salle. Un, deux, puis quatre. Des habitués ? Peut-être pas, à s’en fier à la méfiance des personnes m’environnant …

« Hé, c’est bien lui ? Regarde sur la prime et rate pas ton coup cette fois. »

« Oue, on dirait que c’est lui … Il à l’air d’avoir changé mais ça doit surement être un camouflage. De toute façon, on ne peut pas rentrer bredouille une nouvelle fois, tch … »

« Bon, ok … Pourvu que ce ne soit pas un noble. »

Impossible d’entendre leur discussion de ma place … Cependant, l’idée se profila rapidement. Deux de chaque côté de ma table, m’encerclant sans aucune forme d’échappatoire.

« Vous. Veuillez nous suivre sans perturber le reste de la clientèle. Dans le cas contraire, ce sera par la force … »

Qui, moi ? Et pour quelle raison ? Une erreur ! Obligatoirement une erreur ! Hé … Là journée débutait vraiment mal. Aucune autre personne pour m’aider, à part le navire marchand resté au port. Comment leur expliquer ça ? Une autre solution, vite ! Malheureusement, nulle action ne m’était permise, au risque de transformer une tentative d’évasion en chasse à l’homme avec cette multitude de témoins. Ainsi, ma silhouette se résigna à abandonner le siège confortable en dessous, histoire de se soumettre aux menottes accusatrices, bien que non fatidique à ma personne. Néanmoins, le mystère le plus intriguant résidait dans le motif de cette arrestation ridicule. Même au dehors, les compagnons de fortunes disposés tel un cortège ne se risquaient pas à divulguer d’informations encore au sujet de cette infamie, d’une raison que mon cerveau jaugeait déjà ; La crainte de tomber sur un citoyen capable de leur attirer des ennuis en cas de méprise. Certes, l’hypothèse possédait un aspect hasardeux cependant … Cela ne coutait rien d’essayer, d’apposer cette ambiance.

« Alors, c’est bientôt terminé votre cinéma ? J’aimerais savoir de quoi on m’accuse. Lorsque l’on me saura disparu de mon île … Je vais tous vous destituer ! Vos visages, aucun ne sera oublié, ksss. »

Je m’étonnais moi-même à user de mes talents d’orateurs de la sorte, d’un ton bien hautin et dénué de crainte quant au résultat  de leur méprise, à l’instar d’un héritier important. Hmm … Jusqu’à où irait ce jeu ? Rencontrer le chef ou pas ?

La brise marine caressait mon visage, soulevait quelques mèches rebelles. J'avais la main tendue, alors que j'essayais d'appâter les quelques oiseaux planant paresseusement dans le ciel. Mon regard était rivé sur les nuages. A moins que ce soit juste le néant sans sens. Je ne suis pas aimée des volatiles, en tout cas. Ils n'approchent pas, malgré les miettes de pain qui se répandent autour de moi. Ils sentent, mieux que les humains, la tension qui m'anime. Qui contracte mes traits.

Je ne leur veux pas de mal, pourtant. Je crois. Pas encore, en tout cas.

Une profitait de l'air libre tant qu'elle le pouvait, en attendant. J'étais assignée sur cette île pour maintenir l'ordre. 'fin, plus que maintenir l'ordre, plutôt maintenir à carreau les quelques marines présents dans le coin. Il fallait retrouver un fugitif, et on comptait sur nous. Mais bon ... Compter sur la plèbe ? J'y croyais pas trop. C'était encore un coup à ce que ça parte en vrille.

Comme par hasard, voilà qu'un de mes "subordonnés" (à savoir qu'il était d'un grade inférieur au mien, mais il n'appartenait pas à ma division), venait à ma rencontre en trottinant. Encore un connard qui allait gâcher ma journée prévue à ne rien faire, sans aucun doute. Il me salue, je me contente de lui faire un signe de la tête. Il m'expose la situation brièvement.

- On a mis la main sur un suspect, mais il se peut qu'il ait des ... contacts, hauts placés.

Lasse, je réplique, ne daignant tourner le visage vers lui.

- Vous m'en direz tant. Soit, menez-moi à lui. Mais racontez moi tous les détails de son arrestation, où il était, ce qu'il faisait, tout.

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Une dizaine de minutes plus tard, après avoir parcouru plusieurs ruelles, voilà qu'on arrivait sur place. Le fugitif était bien là, comme on me l'avait conté. Gardé par un vaillant représentant de la Marine, naturellement. Ayant écouté le rapport de mon suivant, j'avais pu déduire rapidement ce qui m'attendait. Et si je me trompais, au fond ... Qu'importe, nan ?

Tout d'abord, faisons jouer les apparences. La mine lasse, les pupilles jades dardées sur les siennes, les bras croisés dans le dos. Quelques secondes de silence, avant que je dise, d'une voix forte et claire.

- Laissez-nous, je dois faire ... un interrogatoire, plus en profondeur.

Il ne fallait que ça, pour que les gardes s'éloignent, toujours à portée de regard, mais assez proches pour pouvoir intercepter le zouave si il tentait quelque chose de marrant. Je me contentais, alors, de ranger une mèche de cheveux cuivre derrière mon oreille, avant d'afficher un sourire qui n'annonçait rien de bon. Avant de dire, à voix basse, pour que lui seul m'entende.

- T'es pas notre homme. Nan.

Je laissais quelques secondes passer.

- Mais ce conte stupide, comme quoi tu aurais des contacts hauts placés ? Un misérable artisan, qui est obligé de préparer lui même ses produits ? Allons, allons ... Mes subordonnés sont peut-être dupes, mais ... Une sait.

Ma mine devenait amusée, mais je doute que lui le soit, amusé. Et je me mettais à tourner autour de lui, tel un félin autour de sa proie, avant de continuer.

- Tentative d'intimidation d'Agent de l'Ordre, tu sais ce que ça peut te coûter, hmm ..?

Je m'étais arrêtée juste derrière lui, mon souffle sur sa nuque.

- Mais on peut s'arranger.

Un sourire révéla toutes mes dents, blanches.

- On peut toujours s'arranger, tu ne penses ... pas ..?

Partir maintenant ou attendre ? Semer la pagaille parmi cette sainte justice ou alors acheter légalement le passeport d’une liberté fragile ? Trop de doutes, trop d’hésitations face aux règles d’un univers plein de cachotteries. Pourtant, je ne pouvais m’empêcher de bouillonner à travers la moindre des fibres de ce corps survolté, hyperactif, peu enclin à demeurer entravé. D’ailleurs, l’ensemble de l’attirail disposé sur les recoins de ma tenue se targuait d’une tentation assurément désinvolte pour ne pas être employé à l’insu de ces gardes. Je n’eux de cesse d’analyser l’enchevêtrement des allées et des immeubles, histoire de déterminer un coin adéquat, un porte de sortie plausible. Encore un pas … Deux pas … Presque. Ce fut sans compter les tracés particuliers de l’ombres qui se profila au loin, dont la sculpture inspira en moi une certaine retenue inconsciente, à l’instar d’une emprunte familière indescriptible. Si étrange …

Il me fallait en voir plus.

La tâche ne parut pas d’une grande complexité à en croire l’autorité du nouveau protagoniste projeté aux méandres de mon appréciation silencieuse, proche de l’obsession. Sauvage, précise, habile dans sa méthode vouée à dégager ces énergumènes futiles … Au point de me larguer dans le rôle de simple spectateur non concerné, plus forte et impressionnante qu’une troupe composée de centaines de ces hommes-là. Je n’osais point relâcher encore la fausse stature de noblesse ancrée au cœur du moindre geste, du moins, jusqu’à sentir un revirement soudain … En effet, malgré une admiration propre à mes origines face à la demoiselle, ma garde se tenait toujours haute, n’omettant pas la possibilité d’un combat improvisé selon sa férocité dissimulée.

*Qu’est-ce que … Un tête à tête ? Oue, c’est ça, elle a flashé sur moi … Ou alors … Un passage à tabac en règle ? C’est pas bon, ce sourire, c’est pas booon, fuis, fuis, fuiiiiiis !!!*

Un seul murmure pour un déclic foudroyant, lorsque je m’apprêtais à lui faire le même serment foireux qu’à ses petits larbins avant de prendre la poudre d’escampette. D’un côté, la raison s’initiait au fil de mes pensées, poussant irrémédiablement vers la sécurité, quand l’autre facette instinctive désirait attendre et jouir d’une situation dangereuse … Chaque versant de ma personnalité se mélangeait là, à cent à l’heure. En dépit d’une expression toujours méfiante, sa légère déclaration suffit ainsi à me remettre dans l’élan du jeu et de la découverte, tel un enfant insatiable. Oui … Elle le sut d’un unique coup d’œil, d’un seul regard perçant aux allures tribales. Ou plutôt via des espions parmi la foule … Kuhuhu !! Me voici démasqué, à la merci d’une menace toute fraiche, visiblement destinée à me tenir entre les mailles du filet, même si un semblant d’entente prenait vie dans la foulée. Vile créature, vile femme au parfum suspicieux … Toi aussi, tu m’évoquais d’agréables souvenirs.

« Oops ! Démasqué ! Ne me tuez pas, ne me tuez pas, je ne veux pas mourir ! »

D’un ton partagé entre l’ironie et l’imbécilité, je profitais de ces mots pour délaisser au second plan la situation actuelle afin de me concentrer davantage sur les mouvements de la charmante tigresse, n’ayant de support que le toucher, là, immobile. Elle donnait cette subtile impression d’être un chasseur, agile et légère dans ses pas, en contraste avec les gesticulations cadencées voir mécaniques des soldats usuels rencontrés lors de rondes banales. Ce n’était pas du tout pareil … Pas si fluide, pas si cambré, pas si souple ! Magnifique …

« Ah … Avec ces menottes, je n’ai pas le choix, non ? Mais … »

Un claquement métallique vint accompagner ces paroles, depuis la chaine des entraves sur mes mains qui tanguait par intermittence sur les doux claquements de mes bras … Piégé, prisonnier, harcelé. Mais son aura s’avérait plaisant malgré l’aspect malsain planant sur la scène, d’un minois vraiment peu accueillant. Je ne daignai pas encore détourner la tête, me contentant de tressaillir sur la caresse portée à ce cou laiteux, telle une brebis sous les crocs d’une louve affamé.

« Que puis-je offrir à un prédateur ? Hé hé hé … J’aime … J’aime ta façon de bouger, de marquer ta proie. Ce costume … Il semblerait presque trop étroit pour une créature de ton genre, non ? »

Délicatement, je fis pivoter modérément mon buste de façon à croiser du bout de mon nez la chevelure de la marine juste derrière et ainsi d’en voler une senteur excise, envoutante. Nos pupilles s’entrecroisèrent momentanément, comme complice d’un secret décelé chez l’autre, du moins, hypothétiquement. Impossible de me tromper là-dessus. Sa silhouette fine, svelte et modelée ne trahissait guère une prédisposition à arpenter bois et montagnes périlleux, dont la forme olympique se débarrassait de quelconque rouille roublarde. Elle n’appartenait pas à la ville, pas à la société des hommes paresseux, passifs.

« On peut s’arranger, surement … Mais je suis un grand timide ! Ne me dis pas que tu vas me dévorer sans te délecter un peu de ma détresse, au fin fond de cette jungle ? La nature m’est plus douce … Comme pour toi, je me trompe ? »

Je terminais en affinant mes paupières, d’une invitation évidente à ne pas se cacher, pas avec moi. Si elle me permettait davantage, peu importe la façon, j’allais accepter sans contester de partager une part de ses désirs, si évidemment, ils résidaient en ma possession. Traque moi, attrape-moi si tu peux, manges moi.

Être une femme dans une société résolument masculine n'a jamais été facile.

C'est, à tout instant, devoir prouver sa valeur. Faire deux fois plus que n'importe qui. Et qu'on nous regarde toujours de haut. Que l'on nous prenne pas au sérieux. Qu'on remette en cause notre autorité et nos compétences.

Être une femme, c'est cette unique raison qui me vaut mon exil des steppes. Et je refuse que ce soit la raison de mon échec, dans la Marine.

Il pense qu'il peut se la jouer calme, cool, serein ? Alors que c'est MOI qui ait POUVOIR de VIE et de MORT sur LUI ?! Il pense pouvoir me draguer comme si j'étais une minette croisée dans un random bar, mini jupe et décolleté plongeant ?!

Nan, ça n'allait pas se passer comme ça. Oh que nan.

- Comme ça, je te plais, hein ..?

Mon souffle caressait son oreille.

- On va arranger ça ...

Le sourire sinistre, je le poussais violemment en avant, avant de pousser un cri tout à fait strident, et définitivement féminin.

- BAS LES PATTES VAURIEN ! SOLDATS ! SOLDATS !

Je prenais l'air meurtri, contrit, alors que je serrais mes bras autour de ma poitrine, mon regard foudroyant le captif alors que mes deux hommes revenaient vers nous, à cran.

- Messieurs, le fugitif a de très mauvaises manières.

Il comprendraient directement, eu égard à mes mimiques et à mes gestes, de quoi je parlais.

- Je vous propose de le passer à tabac, avant de l'amener au poste. Après tout, une prime attend les valeureux marines que vous êtes.

Il ne comprendrait pas, sûrement. Il ne pouvait pas comprendre ma position, mes ambitions, mes désirs. Ce qui était réciproque, cela dit. Sauf que moi, j'en avais rien à faire de sa petite personne.

Me plaire ? Me plaire ? Ah … La garce ! Elle ne devait pas avoir compris le sens qui se cachait derrières mes paroles, bien que cela pusse porter à confusion. Mais il semblait être assez tard maintenant pour discutailler tranquillement … Cette mystérieuse demoiselle me poussa d’un coup sec vers l’avant, visiblement prête à employer autant de comédie que moi face à ses larbins au regard de l’attroupement général. Son cri digne d’une charogne en détresse ne manqua pas de me percer les tympans, jusqu’à saisir le contenu du message véhiculé à la suite. Diffamation ! Une fausse accusation de trop et surtout totalement inconcevable. Quelle belle justice … Un chantage pour ensuite me foutre dans un véritable pétrin ? Impossible de prouver quelconque innocence cette fois, à en croire la hargne des soldats effectuant surement des conclusions hâtives sur les gesticulations de leur patronne. Il fallait malheureusement - ou pas héhéhé – passer à l’action et reprendre le dessus. Si je plongeais là, à l’instar de ma silhouette allant presque trébucher, ma partenaire aussi en méritait une bonne et grosse part.

Tu viens avec moi !

Ni une ni deux, sous le joug d’une baston générale orientée sur une pauvre victime, je fis un usage fulgurant de la chaine résidant autour de ma taille, de façon à camoufler son départ via un pivot de dernière seconde. En effet, l’assemblage de mailles d’aciers fusa subitement d’un de mes flancs se tournant vers la créature sauvage, pendant qu’elle simulait machiavéliquement un viol inexistant. L’arme spéciale s’enroula irrémédiablement autour de ses reins, lui plaquant par la même occasion les bras contre son corps et immobilisant l’ensemble. Chtac ! Enfin, la prise assurément tombée dans les filets, mes bras suffirent à la ramener brusquement à proximité, si ce ne fusse carrément collée dos contre ma silhouette. Entre temps, mes mains vinrent entourer sa gorge à l’aide du lien solide reliant les menottes les enserrant, avec la menace évidente de l’étrangler davantage en cas de geste brusque ou d’entourloupe.

« N’APPROCHEZ PAS ! RESTEZ À VOS PLACES OU ELLE TREPASSE ! » Murmurant alors à son oreille. « Me plaire ? Je te pensais plus noble, princesse des bois. »

Nous inversions ainsi les rôles, au plus grand damne des garnements impuissants nous braquant avec une absence totale de conviction, sueur au front. La chance me souriait. Même si l’on tendait à promettre cette tête tatouée à la guillotine, la méprise initiale sauvait la mise quant à l’individu véritablement ciblé … Sauf envers elle, pas dupe de ma ressemblance avec le mec sur l’affiche de recherche. Nul choix, nulle solution à moins de conclure finalement un arrangement potable en dépit de ses airs emplis de vices. Ce fut la raison pour laquelle je traînai ses courbes captives vers la boutique isolée à quelques mètres de notre position, l’utilisant comme bouclier humain contre les fusils fébriles. Une dernière sommation paraissait nécessaire …

« Ok, on rentre là-dedans … Si j’entends le moindre grincement de porte, son dernier souffle sera miens !! Ah … Essayez seulement pour voir … »

Les mots seuls ne risquaient pas de les dissuader complétement. De ce fait, un sourire sadique s’afficha sur mes lèvres lorsque, tendant davantage l’emprise sur le cou de la miss, suite à quoi je lui déposai un baiser de gourmandise sur la joue. Oui, un baiser mimé, à la hauteur de l’image de psychopathe destiné à les refroidir d’héroïsme … Bam ! La porte finie par claquer contre son verrou, suivit d’une autorité bien placée.

« SORTEZ, SORTEZ TOUS ! »

Deux clients, un commerçant pour cette modeste enseigne. Des innocents, des confrères … Cependant, ils ne m’étaient d’aucune utilité et surtout d’oreilles indiscrètes. La vue de notre jeu saugrenu ne leur accorda guère l’envie de s’attarder plus longtemps en ces lieux ; Parfait. Les voici hors de la scène … A nous deux maintenant.

« Sérieux ! Tu me fais faire des trucs qui ne me plaisent pas vraiment … Tch. »

Sans attendre, grâce à une poussé sur le creux à l’arrière des genoux de l’otage improvisé, je la fis s’allonger à plat ventre sur le sol juste derrière le comptoir de la bâtisse, puis me posa d’un poids ferme sur sa croupe rebondie. Etape par étape, habilement et minutieusement. De ces doigts particulièrement agile, une fouille en bonne et due forme eu lieux, jusqu’à une trouvaille considérable : Les clefs des menottes standards de la marine, du moins à ce rang. En deux temps trois mouvements, accompagnés de clic et de clac métalliques, mes anciennes entraves vinrent s’apposer sur les membres supérieurs de la belle, n’oubliant pas aussi ses jambes … Mais avec quoi ? Mince. Bon … Fallait que je le fasse, même si l’idée semblait osée. La ceinture de son uniforme de marine méthodiquement chapardée à sa taille conviendrait parfaitement à lui sangler les pieds au niveau des chevilles, histoire de sceller définitivement sa sauvagerie sans limite.

« Ok, on arrête les frais … C’est toi qui m’a foutu dans ce bordel. » La retournant alors de face – et les mains derrière le dos-  toujours en dessous de ma silhouette, me retrouvant cette fois posé sur son bassin. « Tu fantasmes vraiment de ces trucs ou alors c’est pour me charmer ? J’allais peut être t’offrir des roses et tout … Hoy … » D’un ton soudainement bien plus sérieux … « Dis-moi ce que tu veux de moi … Je n’ai pas l’air d’un simple marchand pour que tu me fasses ce cinéma c’est ça ? On va s’arranger maintenant. »